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Défenses allemandes du HWK

 

Les défenses allemandes de l’Hartmannswillerkopf ont été étudiées après l’Armistice dans la partie sur la carte (fig. 43) entre le Rehfelsen et le rocher désigné sous le nom de « Pain de Sucre » N°1, soit sur un développement de 1500 mètres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le tracé des parallèles et boyaux figurant sur la carte française au 1/5000ème est à peu près exact ; mais un certain nombre de ces parallèles et de ces boyaux n’étaient pas utilisés, parce que le bombardement les rendait intenables ; ou bien parce que des modifications ou des constructions réalisées en d’autres points diminuaient ou supprimaient l’intérêt qu’ils avaient pu présenter à une certaine époque.

C'est ainsi que, du nord au sud, ont été abandonnées :
Pour raison de bombardement, une partie de la tranchée de la Fesse gauche, la tranchée du Chapeau, où rien de ce qui s'y passait ne pouvait échapper aux observatoires du rocher Sermet, la tranchée du Petit sommet, les tranchées à l'ouest du fort du Roseau (Rohrburg), la tranchée située au nord de la Cuisine de la Sorcière (Hexenküche) (toutes ces tranchées sont d'ailleurs presque complètement détruites)
Pour la seconde raison, les tranchées de Boehmer et de Spahn, éléments de la parallèle de soutien et la tranchée de Fitzanne formant bretelle entre parallèle principale et la parallèle de soutien.

La défense de l'Hartmannswillerkopf était donc constituée, en dernier lieu, par les ouvrages et les éléments de tranchée suivants :
Du Nord au Sud :
Le Pain de Sucre N°1
Une partie de la tranchée de la Fesse gauche et du Nid à Boches, tenant lieu de parallèle de surveillance devant le Rocher B et le Pain de Sucre N°2.
Le bastion des Roches du Cardinal et le bastion du Chapeau d'Evêque (Bischofshut).
La sape Emma.
La tranchée de Bismarck.
Une tranchée située à l'est du Chemin des minen (Minen-weg) (ajoutée sur la carte au 1/5000ème).
La tranchée du Fortin du Roseau (Rohrburg).
Les tranchées E, F, G, à l'ouest du boyau de l'Echelle du ciel (Himmelsleiter-grabe), tenant lieu de parallèle de surveillance devant les rochers organisésHellé (Aussichtfelsen) et Wicklé.
La roche organisée au sud du chemin de la Tempête.
Les éléments de tranchée au nord de la tranchée de Rehfelsen, flanqués par lacuisine de la Sorcière (Hexenküche).

La tranchée du Rehfelsen tenant lieu de parallèle de surveillance devant lerocher de Rehfelsen.
La plupart de ces ouvrages et de ces éléments de tranchée ont été remarquablement traités dans le détail, et leur ensemble assurait une défense ne présentant aucun point faible.
Le terrain est d'ailleurs exceptionnellement propice à une organisation défensive.

 

Les observations ci-après ont été faites :

Pain de sucre N°1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comprend un observatoire et deux emplacements de mitrailleuses dont le champ d'action est indiqué sur la fig. 44 qui est la copie d'un plan affiché dans la guérite de l'observateur.
Large emploi du béton dans l'ensemble de l'organisation.
L'observatoire proprement dit est constitué par une niche maçonnée fermée par une porte en bois très épaisse, blindée avec des boucliers de tranchée. Un bouclier en tôle épaisse, percé de deux créneaux à volets pour l'observation. Une forte plaque de tôle forme plafond ; elle est munie d'une glissière permettant l'aération de l'observatoire, dont les dimensions sont juste suffisantes pour un homme. Des éléments d'escalier en bois ou en béton assurent la communication entre les différentes parties de l'ouvrage. Abri souterrain creusé dans la roche. Poste d'eau en ciment armé.

 

 

Tranchée de la Fesse gauche


A remarquer en C, vers le milieu de la tranchée, un emplacement de mitrailleuses et un observatoire en maçonnerie. Boyau d'accès avec parois bétonnées et couverture en fers à I jointifs renforcés d'une couche de béton de 1 mètre d'épaisseur. Abri souterrain sous l'emplacement de la mitrailleuse.

 

Rocher B
Ouvrage maçonnée. Observatoire. Emplacement pour grenadiers. Organisé enGroupe de combat pouvant tirer dans toutes les directions. Abri caverne.

 

Pain de Sucre N°2
Large emploi du béton. Emplacements pour granatenwerfen et pour fusiliers (à chaque emplacement de granatenwerfen, un plan indique sa zone d'action). Abris souterrains pour le personnel et les munitions, fermés par une porte blindée percée de créneau.
Un boyau (tranchée des deux rochers) assure la communication avec le rocher B et le Pain de Sucre N°1.

 

Bastion des Roches du Cardinal
Maçonné. Emplacement de mitrailleuse tirant dans la direction du Nid à Boches. Abris souterrains pour le personnel et les munitions. Abris en béton adossés aux Roches du Cardinal.

Bastion du Chapeau d'Evêque (Bischofshut) (fig. 45)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Solide point d'appui. Particulièrement bien organisé. Large emploi du ciment. Emplacements de mitrailleuses. Observatoires. Emplacements de tireurs. Niches pour munitions. Sous l'ouvrage, abris pour le personnel et les munitions. Tir dans toutes les directions.
A l'est du bastion, remarquable ouvrage en béton armé pour un minen et ses munitions. L'emplacement du minen est séparé de l'abri à munitions par un mur en béton armé, percé à son pied d'une ouverture permettant le passage d'un petit chariot, sur chemin de roulement destiné aux projectiles (fig. 46).

 

Sape Emma
Une partie est maçonnée. Dans le boyau qui la prolonge vers l'est, un observatoire en maçonnerie avec périscope.

 

Tranchée de Bismarck
Partie avec revêtement en maçonnerie, partie avec revêtement en bois. Emplacements pour fusils et fusils mitrailleurs flanquant la position devant la tranchée détruite du Petit Sommet.
Une galerie relie les différents éléments de la tranchée.
Remarqués en D, deux créneaux en bois superposés scellés dans la maçonnerie du parapet. Chacun de ces créneaux forme coffrage à un bloc de ciment percé, dans l'axe du créneau et sur toute sa longueur, d'un trou dont le diamètre correspond à celui d'un canon de fusil. Il est vraisemblable que ces créneaux étaient utilisés, l'un pour l'observation d'un point particulièrement intéressant du secteur français, l'autre pour le tir dans la direction de ce point au moment opportun.

 

Tranchée à l'est du chemin des minen (Minen-weg)
Maçonnée.

 

Tranchée du Fortin du Roseau (Rohrburg)
Maçonnée. Abris cavernes débouchant dans la tranchée. Boyau couvert, étroit, dont le revêtement est constitué par des tôles légères, individuelles, prenant appui sur deux soubassement en maçonnerie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tranchée E, F, G
Tranchée E. Des galeries en châssis coffrant, avec cheminées d'aération soigneusement camouflées, reliant ses différents points.
Tranchée F. Très profonde, très étroite et pourvue d'un revêtement en planches sur une partie de sa longueur. Peu de créneaux. Gradins et échelles aux emplacements de tir. Guérite d'observateur de place en place. Chemin de caillebotis. Sur toute la longueur, plaques de tôles, suspendues par un fils de fer, qui devaient être utilisées comme signaux d'alarme en cas de bombardement par obus toxiques.
Tranchée G. Maçonnée sur une partie de sa longueur (fig. 47). Des créneaux en bois sont noyés dans la maçonnerie. A proximité de chaque créneau, une niche à munitions. Banquettes de tir maçonnées. Seul, le talus intérieur est maçonné. Le talus de revers est constitué par un perré étayé par une charpente en bois. Ce perré s'est d'ailleurs assez mal comporté. L'épaisseur du revêtement en maçonnerie du talus intérieur est de 0.60 mètre environ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Boyau de l'Echelle du ciel (Himmelsleiter-grabe)
Largeur 1 mètre. Sur une partie, revêtement en planches de 0.50 d'épaisseur, maintenu par des cadres. Une partie en galerie, avec châssis coffrant de 1,30 mètre sur 1mètre, était en cours d'exécution.
La parie du boyau près de la tranchée E est pourvue d'un revêtement en grillage dit "cage à poule", doublé de branchages et soutenu par une solide charpente en madriers et bastings. Abris cavernes en châssis coffrant.

 

Rocher Hellé (Aussichtfelsen)
Organisé. Observatoire. Blockhaus en béton avec créneaux prenant les boyaux voisins en enfilade.
Emplacements pour minen. Nombreux abris adossés au rocher (fig. 48).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rocher au sud du Rocher Hellé (Aussichtfelsen)
Organisé. Emplacement pour un canon tirant dans la direction de Rehfelsen. Revêtements maçonnés. Porte avec créneaux. Indépendamment des projectiles pour le canon, munitions pour fusiliers et grenadiers. 

 

Rocher Wickle
Ouvrages en béton pour minen. Galerie pour munitions, creusée en pleine roche. Une toiture mobile, avec galets et chemin de roulement, permet de dissimuler aux vues l'emplacement du minen quand il n'est pas en action.

 

Roche organisée au sud du Chemin de la Tempête
Ouvrages en béton pour mitrailleuse flanquant la position devant la tranchée détruite du Petit Sommet.

 

Eléments de tranchée au nord de la tranchée du Rehfelsen (H.)
Ouvrages en béton particulièrement bien traité et constituant un solide point d'appui. Abri Souterrain.

 

Cuisine de la Sorcière (Hexenküche)
Blockhaus en maçonnerie barrant le chemin de terre. Créneaux permettant le tir dans la direction du Nord.

Observatoire au sud de la Cuisine de la Sorcière (Hexenküche).

 

Tranchée du Rehfelsen
Revêtement en planches. Boyau aboutissant à un poste de guetteur constitué par un simple trou avec échelle.

 

 

DEFENSES ACCESSOIRES
Rien de particulier à signaler concernant les défenses accessoires.
Devant les éléments de la parallèle de surveillance et autour des ouvrages de la parallèle de résistance, le fil barbelé, fixé sur piquets tire-bouchons ou sur souches d'arbres, a été largement employé. Le réseau a été renforcés presque partout par des chevaux de frise de toutes espèces, jetés pêle-mêle devant les tranchées et les ouvrages. Le tout forme un barrage infranchissable.

 

Parallèle de soutien – Tranchée de Boehmer. Tranchée de Spahn
Vieilles tranchées abandonnées, avec pare-éclats de 3.5 à 3 mètres d'épaisseur. Entre les pare-éclats, des banquettes de tir de 4 à 5 mètres de longueur. Revêtement divers : rondins de faible diamètre, clayonnages, lattes. Echelles de franchissement. Caillebotis sur rigole axiale pour l'écoulement des eaux. Abris en rondins ne présentant rien de particulier. De place en place, portique en rondins. 
Réseaux en piquets bois et fil barbelé. Utilisation des souches d'arbres. Flanquements généralement bien assurés par des éléments mêmes de la tranchée.

 

Abris
Les abris pour le personnel sont, en général, bien construits et ont exigé un travail et un matériel considérables. Il en existe partout et de toutes catégories : abris creusés dans la roche, abris en béton armé, abris en maçonnerie, abris en tôles cintrées, fortement étayées et supportant une épaisse couche de pierre et de rondins, abris en rondins, baraques en planches, etc. Certains  groupes méritent d'être spécialement signalés : 
Le Groupe A – Au nord du secteur, formant caserne. En particulier il y a, dans ce groupe, une construction en maçonnerie renforcée de rondins qui comprend : chambre, cuisine, salle de bains avec baignoire en ciment armée alimentée par un robinet, terrasse, etc. Il s'agit vraisemblablement d'un P.C.
Un bastion maçonné construit au Nord des abris aurait permis une défense sérieuse dans le cas où la position aurait été débordée par le Nord.
Le Camp – A l'est de la tranchée Boehmer avec ses nombreux abris et ses cuisines fixes, soigneusement construites, situées en bordures du chemin de terre (fig. 49).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les abris du chemin des minen (Minen-weg) – (fig. 50 : "Karlsfeste")

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les abris de la Courbe 2 – En particulier la construction avec terrasse adossée à la montagne, à côté d'une fontaine monumentale et les abris en béton armé, en cours de construction (fig. 51).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Poste de Secours – Au pied de la montagne en bordure de la route.

 

MOYENS DE TRANSPORTS
Les travaux exécutés par les allemands sur l'Hartmannswillerkopf ont nécessité un matériel considérable dont le transport présentait de sérieuses difficultés (un grand nombre d'ouvrages sont situés entre les cotes 800 et 900).
Pour assurer ce transport l'ennemi a employé : la route, la voie de 0.60 mètre, le câble aérien transporteur et les animaux de bât.

Routes
La route qui part du village de l'Hartmannswiller et qui aboutit presque au sommet de l'Hartmannswillerkopf a été faite pendant la guerre. Elle a été soigneusement entretenue. Les tournants brusques que présente son tracé en lacet et qui sont une gêne pour la circulation des voitures s'expliquent par l'obligation dans laquelle se trouvaient les allemands de construire cette route dans une zone très limitée dans sa largeur. Bien que rude à parcourir, elle est praticable aux véhicules.

Voies de 0.60 mètre
Le secteur est desservi, en plusieurs endroits, par la voie de 0.60 mètre, qui suit le tracé des courbes de niveau.

Câbles
Il est probable que les câbles aériens ont assuré le transport de la plus grande partie du matériel. Les machines qui les actionnaient ont été installées dans les abris bien compris. L'abri de la machinerie du câble aérien Nord est remarquable. Indépendamment des deux câbles principaux figurant sur la carte 1/5000ème, deux câbles secondaires ont été installés. L'un prolonge en quelque sorte le câble aérien Nord et a son terminus au Chapeau d'Evêque (Bischofshut) ; l'autre prolonge le câble aérien Sud et a son terminus vers le Rocher Hellé (Aussichtfelsen). La remarquable installation de ces points est due en grande partie à ces câbles qui ont permis d'apporter les matériaux à pied d'œuvre.

Animaux de bât
Enfin, les animaux de bât ont dû être également très employés. Les nombreuses écuries qui ont été construites aussi près que possible des premières lignes en sont la preuve.

 

 ECLAIRAGE ELECTRIQUE
Dans la totalité du secteur étudié, un réseau électrique assure l'éclairage de la plus grande partie des abris et galeries.

 

 EAU
De nombreux points d'eau ont été créés, dans le voisinage même des premières lignes. Ces points d'eau sont alimentés par les sources de la montagne qui ont été captées. Un réseau de canalisation conduit l'eau aux points où les sources n'existent pas.
Les postes d'eau comportent, pour la plupart, un petit ouvrage en ciment avec orifice d'évacuation.

 

 GROUPE COMPRESSEUR
Il existe en A, dans le voisinage de la "Caserne", un groupe compresseur qui devait actionner des marteaux et des perforatrices pour la fouille des galeries et abris dans la roche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Caserne" avec arrivé du câble aérien

 

RESEAU TELEPHONIQUE
Le réseau téléphonique est très développé.

 

CONCLUSION
Dans l'ensemble, l'Hartmannswillerkopf constituait une position de grande valeur. Cette position résume toute l'histoire de la fortification de campagne pendant la guerre. Tous les types d'abris sont représentés ; depuis l'abri léger en rondins jusqu'à l'abri à l'épreuve en béton armé en passant par l'abri caverne ; depuis la tranchée et la sape dépourvues de revêtements jusqu'à la tranchée maçonnée. Les derniers perfectionnements en matière de transport sont réalisés ; le bien-être matériel des défenseurs a été recherché dans la solidité et le confort d'installations qui, en aucun autre endroit, n'ont été mieux traitées.

  

Le document d'origine m'a été envoyé par Gilles ROLAND.
Encore merci à lui pour ce précieux document.
J'ai rajouté entre parenthèses les dénominations en allemands et quelques photos et cartes postales pour illustrer

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